À l’occasion du Forum économique mondial qui s’est déroulé au Cap en Afrique du Sud au début du mois de mai 2013, le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) a rendu public son nouveau rapport sur l’essor des business inclusifs et leur écosystème en Afrique Sub-Saharienne : “Révéler les richesses cachées de l’Afrique : créer des entreprises inclusives pour une prospérité partagée”.
Élaboré avec le soutien de l’African Facility for Inclusive Business Market et de la Growing Inclusive Markets Initiative (deux programmes du PNUD), ce rapport tente de comprendre l’écosystème dans lequel évoluent les entreprises inclusives en Afrique Sub-Saharienne afin d’identifier les opportunités de croissance et de développement qui profiteront aux populations à la base de la pyramide.
Le rapport effectue une analyse en trois temps
Les facteurs clés de succès de la croissance économique en Afrique Sub-Saharienne et ses limites ;
Le potentiel des entreprises inclusives pour booster la croissance et lutter contre la pauvreté ;
Le nécessaire renforcement de l’écosystème de ces nouveaux modèles économiques afin de favoriser leur développement.
L’Afrique Sub-Saharienne est l’une des régions du monde les plus dynamiques sur le plan économique ; elle bénéficie d’une croissance annuelle avoisinant les 5% du PIB. Selon ce rapport, cette croissance est essentiellement portée par les petites et moyennes entreprises (PME), principalement dans le secteur de l’agrobusiness, des énergies, des services financiers et des technologies de l’information et de la communication (TIC). Cependant, cette croissance ne profite pas encore à l’essentiel de la population africaine et les défis à relever sont encore nombreux : près de la moitié de la population vit avec moins d’un dollar par jour, 239 millions de personnes souffrent de malnutrition, seule 66% de la population a accès à une source d’eau potable, etc.
Face à ces enjeux, le rapport du PNUD s’est intéressé aux opportunités, en termes de lutte contre la pauvreté et de croissance, qu’offrent ces “entreprises inclusives”. Ce concept fait référence aux modèles économiques innovants qui incluent les populations à la base de la pyramide au sein de l’ensemble de la chaine de valeur de l’entreprise en tant que consommateurs, petits producteurs ou employés :
Grâce à ces nouveaux modèles, les consommateurs pauvres peuvent accéder à des biens et services à un prix abordable et qui améliorent de façon significative leur niveau de vie.
Les petits producteurs peuvent bénéficier d’un acheteur stable qui, de plus, leur propose des programmes de formation pour renforcer leurs compétences (capacity building) et, in fine, leur productivité.
Les populations à bas revenus représentent une source de main d’œuvre dotée d’une connaissance du tissu local et de ses principaux acteurs précieuse pour les entreprises.
Comme le souligne le PNUD dans ce rapport, ces business inclusifs se développent, de plus, dans des secteurs à fort impact social. À titre d’exemple, l’entreprise Ecotact au Kenya a permis à plus de 50 000 habitants des bidonvilles d’accéder à des services d’assainissement à travers son programme Ikotoilet.
Le développement d’un écosystème propice à la prolifération de ces entreprises inclusives est, par conséquent, considéré comme un enjeu majeur par le PNUD. Selon ce dernier, un bon écosystème doit garantir quatre conditions minimales pour soutenir ces nouveaux modèles économiques :
Permettre aux entreprises d’accéder à toutes les informations, connaissances, technologies et savoir-faire nécessaires pour opérer dans les marchés à bas revenus ;
Motiver les entreprises à s’engager auprès des populations pauvres en récompensant leurs externalités positives et s’assurant que le coût de leur activité ne soit pas un frein à l’entrepreneuriat ;
Garantir un soutien financier aux entrepreneurs qui prennent le risque de se lancer dans les marchés à bas revenus ;
Apporter un soutien au moment de la mise en œuvre de l’entreprise dans un certain nombre de domaines clés : logistique, marketing, communication, etc.
Aux regards de ces différentes conditions, le rapport du PNUD met en lumière trois initiatives qui contribuent à la création d’un écosystème favorable au développement de ces entreprises inclusives en Afrique Sub-Saharienne. L’une d’entre elles, la Competitive African Cotton Initiative (COMPACI), a pour objectif de réunir l’ensemble des acteurs de la chaine de valeur du coton (entreprises de textile, agrobusiness, petits producteurs, etc.) afin de créer une supply chain inclusive. De même, la Financial Sector Deepening Initiative au Kenya travaille en collaboration avec des autorités gouvernementales, des banques, des institutions de microfinance et des instituts de recherche afin d’améliorer l’accès aux services financiers pour les populations pauvres.
Ce rapport est finalement l’occasion pour le PNUD de lancer un “Appel à l’action” à l’ensemble des acteurs (entreprises, gouvernements, société civile, instituts de recherche, etc.) qui ont un rôle à jouer dans la création de cet écosystème favorable à l’essor des entreprises inclusives. Le PNUD met particulièrement l’accent sur le fort potentiel des millions de jeunes africains pour contribuer à ce changement.